L'Azur en pré fleurit

Yves Charnay

Installation créée au Louroux, dans le cadre d’une Manifestation Culturelle de la Communauté de Communes du Grand Ligueillois, en avec partenariat le Conseil Général de l’Indre et Loire et du Conseil Régional de la Région Centre.

Août 2003

Technique : 120 dispositifs lumineux. Hauteur : 230cm.
Dimensions : +- un demi hectare.
Lumières : horizontale : bleu – vertical : rouge. Puissance : 100wh.x120=12kwh.
 
Une particularité remarquable 
Les deux couleurs utilisées pour cette installation, un bleu et un rouge, se trouvent aux extrémités opposées du spectre des couleurs. La focalisation de ces couleurs ne se produit pas sur le même point de la rétine. A cause de cet écart, il se produit une certaine instabilité de la perception. Cette instabilité induit un léger mais perceptible mouvement apparent, une sorte de flottement.

Charme
Le site doit retrouver son charme. C’est l’objectif de L’azur en pré fleurit.
L’Azur en pré fleurit est un événement de lumière qui, quelques jours durant, à la fin du mois d’août, illumine le site du Louroux. L’Azur en pré fleurit est la célébration d’un mystère : le mariage de la lumière et de l’eau d’où naissent les couleurs d’Iris ! Pour retrouver les bienfaits des couleurs, il faut restaurer la croyance antique dans les propriétés curative de la beauté des événements naturels.

Il faut des légendes …
A la fin de l’été, quand le ciel est encore chargé des lueurs des orages, il est temps de capter par des pièges appropriés, disposés aux bord de l’eau, les couleurs des arcs-en-ciel, avant qu’elles ne s’épanchent dans les eaux de l’étang. Ce procédé rappelle la manière dont les cathédrales, autrefois, piégeaient les lumières de la foudre par des dispositifs de pierre : flèches, statues, gargouilles et autres monstres.
Captages
Des sculptures captent les couleurs du ciel qui, ainsi recueillies, sont transformées en ondes les plus énergétiques, le bleu. Tous les substrats chromatiques de l’éther s’écoulent par une ligne d’eau vers l’ancien prieuré. Au passage, sous les voûtes du moulin, une machinerie en accélère le débit. Delacroix avait essayé, avec un peu d’eau et de terre, d’en dérober l’éclat.

Germinations
Installés dans le pré situé devant le site, un champs de condensateurs. Fixés à distance régulière les uns des autres, leurs fréquences sont accordées sur les pulsions du bleu. Attirée par le dispositif installé sur des tuteurs de bois, la couleur du ciel, se cristallisera en éclatantes gouttes de nuit. Plus tard, par imprégnation, les vieux murs de pierre en voie de la rédemption, se recouvriront d’un habit d’étoiles.
La légende veut que, les soirs de fin d’été, après que les dernières musiques aient résonné dans l’église, la féerie commence.

Il faut encore des légendes …
Le Louroux doit son existence à la qualité remarquable de son eau dont les bienfaits étaient connus des druides. L’église, luttant contre le paganisme des tribus, Celtes d’abord, Carnutes ensuite, établit sur cette zone sensible, un premier édifice, dont on sait peu de choses, interdisant ainsi aux autochtones l’accès aux eaux magnétisées. Il fut transformé en prieuré. Quand, le soir, les moines scandaient leurs hymnes, on dit qu’à la fenêtre d’occident le ciel parfois se chargeait des couleurs qui pulsaient encore sous les fondations. C’est le moment magique du retour à l’état primitif du lieu, où un champ de lumière s’épanouit sous la lune. Sur le « calme flaque des marais blafards », exhalée par les douves et cadencée par le chant mélancolique des crapauds, une rosée s’élève, irisée par la lune.
La palette est de lumière et la toile d’air et de songes.